Avec les enfants à la maison pendant le confinement, le nombre des accidents domestiques augmente considérablement. Les pompiers lancent l’alerte et conseillent une vigilance extrême.
Les enfants, ces grands explorateurs
3 accidents sur 4 ont lieu à la maison
L’enfant apprend en explorant, en s’entraînant à chaque instant dans l’environnement qui l’entoure.
Avant 12 mois, toute son énergie est concentrée sur l’apprentissage de la marche et de la découverte des objets de plus en plus petits! A 18 mois, courir et grimper deviennent ses priorités. De grandes étapes propices à de grands dangers si le terrain n’est pas préparé!
La réalité des accidents de la vie courante est largement méconnue (48 % des parents ignorent le nombre de morts causés par un accident de la vie courante)
Voici quelques chiffres alarmants :
Les accidents de la vie courante sont, en temps normal, à l’origine de 5 millions de recours aux urgences, plusieurs centaines de milliers d’hospitalisations, et plus de 20 000 décès en France chaque année (soit un chiffre deux à trois fois plus important que celui des accidents de la route).
un décès sur cinq chez les enfants de moins de 5 ans est dû à un accident domestique.
Avec le recul, 90 % des parents disent que ces accidents auraient pu être évités en étant plus attentif, en adoptant des bons gestes ou en prenant de simples précautions.
Explorer, oui mais en sécurité!
Les enfants aiment explorer le moindre recoin. Cela fait parti de leur apprentissage naturel. Ils apprennent par l’expérimentation, la curiosité et l’imitation. A nous adultes de leur procurer un terrain d’exploration dénué de danger.
d’abord et avant tout, anticiper les accidents par l’aménagement de la maison pour veiller à la sécurité de l’enfant. Cela évitera des séjours en urgence (assez inapproprié en ce moment de pandémie), ou des conséquences bien plus graves.
et, effet non négligeable pour vous, parents, cela amènera une certaine sérénité dans votre quotidien. En effet, que vaut-il mieux : répéter à longueur de journée » non, ne touche pas la multiprise mon chéri » (d’un ton de plus en plus énervé en général), ou de ne pas lui mettre la multiprise si tentante à disposition et lui laisser explorer d’autres objets qu’il a le droit de toucher?
Les pédagogies du jeune enfant soutiennent l’autonomie
L’autonomie de l’enfant se construit petit à petit par son expérimentation. C’est donc une très bonne chose aujourd’hui de voir la fibre exploratrice de l’enfant soutenue par autant de parents et de professionnels. Cependant il est important de l’aider à ne pas se mettre en danger pendant cette acquisition.
L’enfant ne pouvant raisonner comme l’adulte, du fait de l’immaturité de son cerveau et de son incapacité à se projeter dans l’avenir, il n’a aucune notion du danger. Il s’appuie intégralement sur l’adulte pour le maintenir en vie. Donc se dire qu’il va comprendre qu’il risque de tomber en voyant le vide de l’escalier devant lui, est faux.
Interdire l’accès aux espaces dangereux pour son âge, le mettra dans une ambiance positive puisque le « non », qu’il se fait un plaisir de tester, se fera rare. En effet, laisser un enfant aller dans une buanderie où il n’a le droit de toucher à rien, oblige l’adulte à mettre des interdits partout et à brider son exploration…
En revanche, bloquer l’accès à un placard ou une pièce dangereuse lui permettra d’apprendre par palier les différents dangers et de se sentir grandir. Un placard qui s’ouvre à lui après de longs mois d’interdits, lui procurera une fierté immense et lui montrera qu’en grandissant il accède à de nouvelles choses.
Lui offrir ces paliers pour devenir grand sera par ailleurs une aide non négligeable quand il s’agira d’aborder la propreté où il doit avoir envie de « faire comme les grands »…
90% des accidents peuvent être évités !
L’immaturité de l’enfant, première cause de danger
La chute est la cause principale des accidents domestiques
Avant 1 an, l’enfant développe ses muscles pour acquérir la marche. Cela passe par différentes étapes, dont une est particulièrement dangereuse: votre bébé , qui jusque là restait sagement sur le dos le temps du change, va d’un coup comprendre comment se retourner. En moyenne vers 4 mois, mais parfois avant…cette première fois est la cause de nombreuses chutes!
Et cela peut se passer sur la table à langer comme comme sur toute autre surface. Alors quelque soit l’âge de l’enfant, allongé ou assis, il est essentiel de ne pas s’éloigner de la table à langer.
Vous avez oublié le coton? Pas de soucis ! Amenez votre enfant avec vous pour aller le chercher (lui expliquer ce que vous faites lui permettra de garder le moment privilégier qu’est le change).
La brûlure, seconde cause d’accident avant un an .
En effet la peau du nourrisson est très fragile. Avec une eau à 60 °C, l’enfant peut être brûlé au troisième degré en seulement 3 secondes ! Alors attention aux biberons chauds, aux portes des fours et surtout au bain (37°C maximum sur le thermomètre pour l’eau du bain et 22 ou 24°C pour la température de la pièce)
19 heures sur 24 dans une chambre potentiellement dangereuse
C’est très tentant d’aménager une jolie chambre comme dans les magazines: petite couette assortie à la tapisserie, nombreux doudous et coussin dans le lit, tour de lit et autres objets de puériculture (cale bébé etc…). L’enfant y dort environ 19 heures sur 24 dans son début de vie. Il est bon qu’il y soit en sécurité, et pour cela, la déco du lit va devoir attendre un peu.
Avant 8 mois, votre enfant développe sa tonicité musculaire qui lui permettra progressivement de tourner la tête, de la relever et se retourner sur le dos. Avant cette dernière étape, il risque de se trouver en difficulté au milieu des corps mous qui l’entourent. Il ne pourra pas sortir sa tête tout seul en cas de difficulté et risque l’étouffement.
Un lit vide et une turbulette sont tout ce dont il besoin pour dormir dans les premiers mois de sa vie.
L’animal de compagnie n’est pas non plus le bienvenue dans la chambre. Il peut étouffer un bébé en venant s’installer dans son lit.
La température a aussi un impact sur la santé de l’enfant : le corps ne régule pas bien la température avant 18 mois – 2 ans , et pas du tout dans ses deux premiers mois. Donc une chambre trop chaude le déshydratera, ce qui peut être dangereux pour un nourrisson. Ce ne serait pas étonnant qu’en période de forte chaleur il pleure la nuit. Lui donner à boire (de l’eau!) lui apportera ce dont il a besoin.
A partir de 8 -10 mois, encore plus de cas d’étouffements
L’enfant se déplace sans problème à 4 pattes pour certains ou en sautant sur les fesses pour d’autres. Tout est bon pour aller vers l’objet convoité. D’autant qu’il s’exerce à attraper de toute petite chose avec sa dextérité fine qui se développe.
Donc méfiez vous particulièrement des petits objets. Peu visibles pour nous, ils sont en gros plans devant son visage qui est près du sol la plupart du temps. Lui ne voit que ça! et encore à cet âge, il découvre les objets en les tâtant avec les doigts, mais aussi en les mettant à la bouche!
Il goûte les couleurs (le légo rouge a t-il le même goût que le légo vert?), les matières, les tailles… bref compare tout sous tous ses aspects. D’où une augmentation du risque d’étouffement!
De marcheur, il devient coureur, grimpeur et cascadeur
Encore l’étouffement!
Ouvrir les portes, les tiroirs, les fermetures éclairs, enlever les chaussettes. Tous ces gestes du quotidien qu’il nous voit faire deviennent pour lui un apprentissage de chaque instant. Mettre à la bouche chaque objet, grand ou petit, sacs plastiques, ficelles (risque d’étrangement à force de jouer avec) etc… lui est alors naturel pour explorer plus en profondeur.
Lui interdire de toucher ou d’ouvrir des objets ou des meubles sera bien sûr possible puisqu’ à 18 mois il comprend tout. Cela ne veut pas dire qu’il vous écoutera! Après tout, c’est aussi le début de son affirmation de soi…qui passe par l’opposition! Vous aurez alors besoin de toute votre énergie et et de votre patience pour lui répéter 100 000 fois « c’est interdit » ou « c’est dangereux ».
Attention aux moments festifs: les cacahuètes, pistaches ou saucisson à l’apéritif sont des accidents très fréquents.
Les jouets, les piles, les insectes par terre etc…peuvent aussi intéresser votre enfant pour qu’il les mettent à la bouche. au risque de rester coincé, de l’étouffer…ou de le piquer..
En courant avec une bille dans la bouche, une sucette ou une bouchée du goûter, en avalant un bout du ballon de baudruche qui a éclaté, en goûtant en catimini un morceau de viande dans votre assiette… le risque d’étouffement est réel, et demande une vigilance de chaque instant!
Cascadeur, il grimpe et tombe de plus haut,
A partir de 13 mois ( en moyenne!), il se met debout partout, très fier de savoir marcher. Sur la table à langer, dans le lit (il s’endort moins facilement en général), dans la chaise haute), etc.. il ne veut plus plier les jambes. La position debout est devenue sa raison de vivre.
Avant il tombait essentiellement de la table à langer et de la chaise haute. maintenant, il a beaucoup plus de choix! Il y a l’escalier, le canapé, les chaises, l’échelle non rangée après les travaux, la table basse, etc. Tout devient source d’escalade et de motricité.
Mais il n’a aucun sens du danger, il s’appuie sur vous pour sa sécurité.
Les interdits sont donc à établir dès maintenant pour éviter les accidents. Soyez fermes et ne vous sentez pas coupable: l’interdit, il en a besoin pour se construire et se rassurer. Si une règle est fluctuante, il ne l’intégrera pas et surtout la testera encore et encore pour vérifier si le danger est encore là.
Vous pouvez lui expliquer avec des mots simples (ça fait mal, c’est chaud, c’est coupant, etc…), ce sera moins frustrant pour lui et plus formateur. Il se fera d’ailleurs un plaisir de les répéter aux copains et à l’entourage.
18 mois, le début de l’imitation
Une phrase est indissociable du rôle de parent ou du professionnel de la petite enfance: « être exemplaire devant l’enfant ». L’enfant apprend par imitation dès son premier sourire! Il refera pendant toute son enfance chacun des gestes de son entourage (marcher, s’habiler, manger, parler, jouer à la poupée ou au docteur…)
L’imitation, ce n’est pas qu’avec les jouets! Tous les objets de la maison vont y passer. Maria Montessori invite le adultes à mettre à disposition des enfants de vrais objets pour leur apprentissage. Il est important de rappeler que les objets mis à disposition doivent être adapté à l’âge de l’enfant, à ses capacités du moment et sous surveillance de l’adulte. Boire dans un vrai verre à 18 mois, oui. La scie ou le marteau à 2 ans, cela peut attendre encore un peu.
L’escalier est à la base de nombreuses chutes. Une barrière en bas et en haut lui montre de façon visuelle la limite à ne pas franchir sans l’adulte. Il pourra faire des séances d’apprentissage de montée et descente d’escalier avec vous. Cependant, même un enfant qui « sait descendre seul « , peut oublier toute prudence s’il vous voit en bas de l’escalier. D’autant plus s’il vous voit toute la journée le dévaler en courant.
Bien sûr, ouvrir les bouteilles sera pour lui une activité très intéressante. Attention donc de ne pas laisser les produits ménagers à sa hauteur. Les mettre très haut ou/et dans un placard fermé .
Entre 3 et 6 ans, les principaux risques sont l’empoisonnement et l’asphyxie! Vous pouvez donc rajouter au placard des produits ménagers les sacs plastiques, les médicaments, les huiles essentielles , etc…
Les accidents auxquels on ne pense pas.
Vous avez vidé les placards du bas et mis des tupperware à la place (ou fixé des verrous selon votre choix), il y a désormais des barrières dans les escaliers, des caches prise, des attaches sur la chaise haute, …bref, vous êtes prêt à toute éventualité…
Dans chaque pièce:
Faites confiance à votre enfant, il est plein de bonne volonté pour aller encore plus loin dans ses exploration!
Une chaise dans la même pièce que la fenêtre ouverte? Il sera ravi de la traîner jusque sous la fenêtre pour voir ce qui se passe dehors, quitte à se défenestrer. (on dénombre d’ailleurs plus d’accidents depuis les applaudissements de soignants à 20 h sur les fen^tres et les balcons!)
Une fente au niveau du mur attire forcément les petits doigts…attention donc aux charnières des portes ! Le nombre d’accident grave est important (jusqu’à sectionner un doigts!) . Mettez des bloqueurs.
De façon générale, les mains sont la partie du corps la plus exposée au danger: par terre sous les chaussures lorsqu’ils sont à 4 pattes, objets coupants, charnières, brûlures…
Les plantes : il va vouloir jouer avec la terre ou la manger (risque d’étouffement). Certaines plantes sont en plus toxiques. Le mieux est de les mettre en hauteur dans un premier temps. Quand vous les redescendrez (vers 2 ans) il sera ravi d’en prendre soin avec vous.
Les rallonges électriques. On pense souvent à protéger les prises pour que l’enfant ne mettent pas les doigts dedans. Mais attention , il pourrait aussi décider de les mettre dans les rallonges …voir de lécher les rallonges.
Dans la cuisine et la salles de bain:
La queue de la casserole d’eau bouillante qui dépasse de la plaque de cuisson le tentera énormément (imaginez un bâton coincé tout en haut de votre armoire, ne seriez vous pas curieux de savoir ce que c’est?)
Avec le rasoir de papa et le couteau de maman (ou l’inverse )..le jeu d’imitation peut devenir assez sanglant.
Un enfant peut se noyer dans 20 cm d’eau! Il se retourne pour attraper un jouet, glisse et c’est le drame. Toujours rester à coté de lui pendant son bain.
Dans la chambre
L’animal de compagnie. Même si il est très gentil. Le restera t-il quand l’enfant lui aura mordu la queue? Il y a de fortes chance pour que son instinct prenne le dessus…
Vigilance et anticipation
Encore une fois, la meilleure façon de protéger votre enfant est de vous trouver dans la même pièce que lui et de le surveiller à chaque minute, donc en l’ayant toujours à portée de vue! Rappelons qu’avant 3 ans, non seulement il n’a aucune notion de danger mais en plus il essaie tout!
Un très bon moyen pour anticiper les accidents dans chaque pièce est de vous mettre au milieu de la pièce par terre et de regarder tout ce qui est à la hauteur de votre enfant.
Vigilance et anticipation sont donc bien les deux mots essentiels pour la sécurité du jeune enfant.
En cas d’urgence
Vous avez pensé à tout? Mais un enfant peut être très inventif. Donc on ne sait jamais , voici les numéros à avoir sur son frigo en cas d’urgence
Le 15 : numéro du SAMU, qui a en charge l’ensemble des problèmes médicaux d’urgence ;
Le 18 : numéro des pompiers , qui assurent les premiers secours (en cas d’incendie, d’accident la route…) ;
Le 112 : numéro d’urgence européen , qui peut être composé à partir des téléphones fixes ou mobiles et qui permet d’obtenir le centre de secours le plus proche du lieu d’appel.
Les centres anti-poisons de votre région :
Angers : 02 41 48 21 21 Bordeaux : 05 56 96 40 80 Grenoble : 04 76 76 56 46 (heures et jours ouvrables) Lille : 0 825 812 822 Lyon : 04 72 11 69 11 Marseille : 04 91 75 25 25 Nancy : 03 83 32 36 36 Orléans : 02 41 48 21 21 Paris : 01 40 05 48 48 Rennes : 02 99 59 22 22 Rouen : 02 35 88 44 00 (heures et jours ouvrables) Reims : 03 26 06 07 08 (heures et jours ouvrables) Strasbourg : 03 88 37 37 37 Toulouse : 05 61 77 74 47
Auteur : Bénédicte Tricot
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