top of page

Les devoirs à la maison, un défi

Beaucoup de parents entrent en conflit avec leurs enfants au moment des devoirs. Le ton monte progressivement jusqu’à ne plus pouvoir se retenir de crier, de gronder ou de dire des mots que l’on regrette par la suite. Les devoirs se terminent inexorablement dans les larmes et un sentiment d’impuissance prédomine à chaque nouvelle tentative.

Avec l’école à la maison pour ces prochains jours, voici un article qui devrait vous fournir quelques armes ou au moins quelques explications sur ces moments de grandes tensions.

Prenons du recul pour commencer.

Bizarrement, les réactions de rejet et de contradiction des ados sont très similaires à celles des enfants de 2 ans. Tout comme leur besoin de repères, de limites et d’attention…(même s’ils nous disent que non). Ce n’est pas pour rien que l’on parle de petite adolescence à 2 ans !

Vous avez peut-être un adolescent dans la fratrie. Vous verrez que quand ils s’agit des devoirs et des tensions avec les parents, les observations sont similaires.

Pourquoi les devoirs aboutissent -ils souvent à un conflit avec les parents?

Les devoirs ne sont en réalité que la partie émergée de l’iceberg. L’enjeu profond est le pouvoir de l’un sur l’autre. Savoir qui commande: les parents veulent être obéis, les enfants veulent être entendus dans leur individualité et affirmer leur volonté. Bref, il y a de quoi faire des étincelles.

Mais, sachant cela, il est important en tant qu’adulte de se demander ce qui est vraiment important pour nous dans les devoirs. Autant mettre de l’énergie dans ce qui compte vraiment. Et nous seul pourrons le faire puisque l’enfant et l’ado, confronté à des émotions exacerbées ne pourront pas nous aider à sortir de la crise.

Pourquoi les parents veulent que leurs enfants fassent leurs devoirs ?

Parce que sinon ils ne pourront pas réussir à l’école ? parce qu’ils ne pourront alors pas avoir un bon métier ? Un métier où il pourra assurer son avenir et faire des choses passionnantes ? Ce serait alors une peur pour son avenir qui nous fait réagir ainsi ? La peur étant l’émotion qui amène une réaction de cri instinctive, il nous est alors très difficile de résister à cette montée d’adrénaline, et nous crions après notre enfant pour qu’il fasse ses devoirs.

Soit, mais que pense notre enfant de son coté ?

Il n’a pas du tout le même point de vue que nous : lui ne vit pas dans l’avenir, il est ancré dans le présent. Et pendant les devoirs, ses émotions ressurgissent. Il alerte l’adulte (à sa façon) que ses besoins immédiats ne sont pas respectés : il veut de l’écoute, de la compréhension et de l’attention.

D’où la colère, qui est le reflet de la frustration, et les pleurs ceux de la tristesse ! Pour lui, dénigrer ses besoins, c’est le dénigrer en tant qu’individu et il n’aime pas ça du tout !

Convaincu d’avoir raison lui aussi, il reste sur ses positions … et crie (souvent plus fort que l’adulte), en rejetant en block tout ce que l’adulte pourra proposer. De toute façon il ne l’entend plus, noyé qu’il est dans ses émotions qu’il ne contrôle pas. Vu comme ça, la situation a tous les éléments pour prolonger une crise et la faire se répéter à chaque nouvelle tentative de devoirs.

Comment éviter d’entrer en conflit avec son enfant? Peut -on l’éviter?

Et bien OUI. Mais il y a plusieurs choses à mettre en place, même si toutes se résument en deux mots : communiquer et anticiper. Je m’explique.

Il est essentiel que chacun puisse expliquer son point de vue à tour de rôle.

Savoir pourquoi il pleure ou ce qui l’énerve pendant les devoirs peur être révélateur de besoins simples auxquels on n’aurait pas pensé : le dessin animé que votre enfant regarde chez mamie avant les devoirs ou les échanges whatsapp qui ont lieu pendant les devoirs (ce qui l’exclut de son groupe de copains). Bref comprendre pourquoi il réagit comme ça. Même si ces raisons vous semblent anodines, elles ont de l’importance pour lui.

A votre tour, vous lui expliquez le pourquoi de votre réaction et l’importance pour vous qu’il fasse les efforts pour les devoirs.

Connaissant vos attentes respectives, vous pourrez négocier un terrain d’entente. Si le fait de faire les devoirs n’est pas négociable, cela n’empêche pas qu’il y a de nombreux leviers d’actions où votre enfant peut être décideur : le moment, la manière d’étudier, etc…

Cette phase de lâcher prise n’est bien sûr pas facile pour des parents puisque nous redoutons alors la chute des notes. Mais cela permet à l’enfant de gagner en autonomie, de le responsabiliser sur ses résultats et surtout cela renforce sa confiance en lui! A travers ces échanges constructifs et réels avec les parents, il se sent écouté et construit progressivement sa capacité à réfléchir sur ses sentiments et ses besoins pour faire entendre son point de vue.

Les compromis fonctionnent de 2 ans à 99 ans (et même plus). Les utiliser dans son quotidien le préparera au mieux pour la vie en société et la frustration qu’elle engendre parfois.

Anticiper ce qui pourrait amener un nouveau conflit.

Le choix entre de vrais options

Donner trop de choix à un enfant est anxiogène pour les plus jeunes (et même parfois pour les adulte!). Beaucoup d’options à visualiser lui demande trop d’effort de visualisation et le stresseront. Ce qui aura pour résultat de le mettre en colère …Par contre il vivra très bien le choix entre deux options. Mais lui demander quelle solution il propose sera encore mieux!

Le soutenir dans la réussite de sa demande.

Pour éviter qu’il ne ressente comme une trahison le fait que vous suiviez ses notes régulièrement, il peut être préférable de l’en informer dès le départ. Lui rappeler régulièrement qu’il peut venir vous voir s’il ne comprend pas quelque chose le rassure sur votre soutien.

Savoir où il compte faire ses devoirs peut vous permettre de mieux préparer son environnement de travail : éloigner les écrans ludiques pendant les devoirs, éviter les allers retours autour de lui, proposer un endroit plus calme s’il est vite déconcentré, etc…

Aura-t-il besoin de vous ? Même si vous préférez rester à portée de voix, vous saurez dès le départ si vous êtes le bienvenue ou pas …et vous vous préparerez psychologiquement en conséquence.

Comment faire quand il y a beaucoup de devoirs ?

Effectivement, Ce n’est pas parce qu’il veut faire seul qu’il est déjà capable de s’organiser pour le faire. Il va donc falloir prévoir quelques petits ajustements avec lui pour soutenir cette autonomie.

  1. Beaucoup de devoirs peut être particulièrement décourageant pour l’enfant. Quelques astuces peuvent l’aider à rester motivé :

  2. Prévoir un moment chaque semaine pour programmer les devoirs peut être important pour l’aider à développer son autonomie.

  3. On pourra alors segmenter les grands devoirs en plusieurs étapes (soit sur une liste soit sur des post-its qu’il enlève au fur et à mesure).

  4. Il peut être aussi utile de donner une durée approximative de chaque devoir pour le rassurer et lui permettre éventuellement de choisir l’ordre des matières.

  5. Un minuteur pourra proposer des pauses dans les devoirs pour qu’il puisse se ressourcer en bougeant : aller boire un verre d’eau, parler un peu avec vous, respirer fort, chanter, etc…Idéalement toutes les 25 min, qui est la durée maximale de concentration (même pour un adulte)…

Bien sûr tout cela est discuté avec l’enfant afin qu’il s’approprie un fonctionnement qui lui convienne le mieux.

Rappeler les accords discutés

Comme j’ai pu le dire précédemment, les enfants ou les ados n’ont pas les mêmes priorités que nous.

Cela est malheureusement aussi valable pour le contrat qu’ils passent avec nous sur les devoirs ! Pourquoi j’insiste ? Cela signifie qu’ils vont se faire les rois de la procrastination pour tout ce qui les embête. Il faudra donc pendant de longues semaines leur rappeler tous les jours le contrat, jusqu’à ce qu’ils voient que nous ne cédons pas facilement et qu’ils le fassent seuls.

De la bienveillance…

Bienveillance envers l’enfant

Il n’y a pas d’échec mais une occasions d’apprendre plus.

Que les devoirs soit réussis ou non par l’enfant selon son niveau, nous seuls pouvons lui faire relativiser ses échecs dans un monde où la réussite est reine.

Une dictée qui comporte des fautes a forcément aussi des éléments justes. C’est ceux là qu’il est important de mettre en valeur avant de revoir ce qui n’a pas été compris.

Cette approche positive est très importante. Cela confortera votre enfant dans ce qu’il peut faire et non sur ce qu’il ne peut pas faire , ce qui pourrait le décourager, lui donner un sentiment fort d’injustice et le mettre en colère… (et oui …encore !)

C’est dans cette optique qu’il peut être intéressant pour un enfant ayant des difficultés à lire de lui lire une partie d’un texte pour qu’il ait envie de vous lire la suite, de lire les énoncés des maths pour qu’il puisse mettre toute son énergie sur la logique mathématique et lui permettre de réussir l’exercice avec fierté …

Et être bienveillant envers soi même.

Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Dans une même classe, chaque parent n’aura ni la même patience, ni les mêmes capacités pédagogiques, ni la même disponibilité à offrir. De même chaque enfant n’a pas la même capacité d’apprentissage, ni la même envie que les autres , ni les mêmes besoins. Et pourtant…ils ont bien tous les mêmes devoirs !

Alors, acceptons les différences, acceptons de faire moins quand nous sommes fatigués, acceptons que notre enfant fasse moins quand il est épuisé.

6 vues0 commentaire

Comments


bottom of page