Analyse des pratiques sans solutions : normal… ou évitable ?.
- Bénédicte Tricot
- il y a 5 jours
- 4 min de lecture
Comment faire passer l’analyse des pratiques d’un simple espace de réflexion à un véritable levier d’action en crèche ? Grâce à une journée d’observation professionnelle sur le terrain suivie d’une formation sur-mesure le lendemain, cette approche permet de transformer les prises de conscience en gestes concrets, avec une seule journée de fermeture et un accompagnement aligné avec le projet éducatif !
Observer, oui… mais comment, et avec quels repères ?
Dans le secteur de la petite enfance, on parle beaucoup de la qualité de l’observation. Observer l’enfant, observer les interactions, observer l’équipe… c’est une compétence clé. Et pourtant, en crèche, l’observation est souvent happée par l’urgence du quotidien, le bruit, les émotions, les transmissions, les imprévus — bref, la vraie vie.
L’analyse des pratiques, elle, permet de déposer, de réfléchir, de mettre des mots. C’est précieux. Mais nombre de professionnelles me disent, encore et encore : “J’ai compris pourquoi c’était difficile… mais concrètement, je fais quoi demain matin ?”
Et je les comprends. J’ai animé ces espaces, j’en ai vu les forces — et les limites. On respire, on se soutient, on se reconnaît… mais on repart parfois avec la même réalité, la même organisation et très peu de leviers d’action.
Analyse des pratiques : comprendre, c’est bien… pouvoir agir, c’est mieux
J’ai donc imaginé un format plus constructif, sans renier l’esprit d’échange et de prise de recul. Un format qui allie observation professionnelle et formation ciblée, pour soutenir les équipes sans les bousculer, ni leur imposer des recettes toutes faites.
Et surtout : une seule journée de fermeture de crèche.
Jour 1 : Plonger dans le réel pour observer sans juger
Cette première journée est dédiée à l’observation, Une observation orientée par le thème choisi en amont avec la direction. Cela change tout : je parle concret, je regarde ce qui compte pour l’équipe, en analysant la difficulté de cette période précise au regard de mes connaissances théoriques et empiriques.
Je suis réellement aux côtés de l’équipe, silencieuse ( quand les enfants sont là ...sinon, je questionne pour mieux comprendre! ), attentive, et entièrement consacrée à regarder ce qui se joue :
Postures professionnelles
Langage non verbal
Relation aux parents et entre collègues
Mise en place du jeu, aménagement et activité
Comportement des enfants au quotidien
Manière d’accompagner les émotions et de poser le cadre
Et surtout, je suis extérieure. Je n’ai pas l’histoire émotionnelle de la crèche, ni d’habitudes, ni d’automatismes. Cela me permet d’observer avec un regard neutre, serein, et de montrer l'interêt d' une observation professionnelle structurée .
Le simple fait de vivre ce modèle inspire déjà les professionnelles et les aide à s’en approcher.
En soirée, nous échangeons ensemble autour de cette journée : on dépose, on comprend, on clarifie et on prépare le terrain du lendemain.
Jour 2 : Transformer l’observation en actions concrètes
Le lendemain, tout prend sens. Pas de concepts empilés, pas de jargon, pas de théorie “au cas où”. Nous reprenons les situations observées et nous sélectionnons la théorie utile, celle qui éclaire vraiment, celle qui aide l’équipe à se dire : “Ah mais oui, demain je peux essayer ça.”
Deux axes possibles, choisis en amont :
Communication & relations professionnelles(CNV, analyse transactionnelle, transmissions, posture, coopération)
OU
Développement du jeune enfant & pratiques éducatives(aménagement, jeu libre, attachement, besoins, limites bienveillantes)
L’objectif n’est pas de tout changer : il s’agit d’opérer de petits ajustements qui transforment le quotidien réel et donne du sens à la pratique
Pourquoi ça marche?
Ce format permet :
de prendre du recul sans perdre le lien avec le terrain
de voir une observation professionnelle en direct (et s’en inspirer)
de transformer les prises de conscience en actions
de rester aligné avec le projet éducatif de la crèche
de soutenir les équipes sans jugement ni culpabilisation
d’éviter deux jours de fermeture
Il répond à un besoin profond des professionnelles :Ne pas seulement comprendre… mais savoir comment avancer. Parce que si l’analyse des pratiques permet de souffler, cette approche permet en plus d’agir, avec douceur et respect du rythme des équipes.
Sortir du modèle “théorie d’un côté – pratique de l’autre”.
Je suis profondément enthousiaste à l’idée de proposer ce format. Je connais les contraintes des crèches, leurs défis, leur envie de bien faire, et aussi la frustration lorsqu’on comprend… mais qu’on ne sait pas encore faire autrement.
Avec cette approche, on relie ce qui est ressenti, ce qui est observé, et ce qui peut réellement évoluer. On prend soin de l’équipe ... et des enfants
Accompagner aujourd’hui, c’est sortir du modèle “théorie d’un côté – pratique de l’autre”.C’est créer des ponts, ajuster plutôt que révolutionner, et construire des compétences durables en partant de l’existant.
C’est une façon moderne, concrète et respectueuse d’accompagner les crèches et de rendre le changement vraiment possible au quotidien.
Parce qu’une équipe outillée, soutenue et fière de ses pratiques, c’est une équipe qui fait grandir les enfants dans le plaisir, la confiance, et l’intention juste.
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