Repère plutôt que refuge : quand la posture professionnelle fait grandir
- Bénédicte Tricot
- il y a 3 jours
- 4 min de lecture

Être professionnel(le) de la petite enfance, ce n’est pas “s’occuper” des enfants, mais adopter une posture réfléchie, stable et attentive. La juste distance professionnelle sécurise l’enfant sans créer de confusion affective. Et cela s’appuie sur des connaissances solides : développement, émotions, attachement, observation et aménagement réfléchi. Être un repère plutôt qu’un refuge, c’est accepter de laisser le "faire" au profit de l'"être" ... sans culpabiliser!
Un métier qui demande bien plus que de “s’occuper des enfants”
Travailler en crèche, ce n’est pas simplement “être gentil” ou “adorer les enfants”. C’est exercer un métier qui repose sur une posture éducative construite, qui s’appuie sur des connaissances professionnelles, pas sur de simples intuitions.
On ne répond pas aux besoins d’un tout-petit en agissant “comme à la maison” mais en tenant compte de son développement, de ses émotions, de ses repères, de son rythme. Ce cadre s’appuie sur des savoirs issus de la psychologie du développement, des neurosciences et des pédagogies respectueuses (formations “Les nouvelles connaissances sur le développement global de l’enfant” et “La référence en crèche selon Emmi Pikler”).
L’objectif n’est pas d’être “tout pour l’enfant” mais de lui offrir une présence stable et cohérente, sur laquelle il peut s’appuyer en toute sécurité.
Des savoirs solides pour une distance juste et rassurante
Dire que le professionnel est “un repère et non une extension affective”, c’est simplement rappeler qu’il n’est ni un substitut parental, ni une figure fusionnelle. Il est là pour accueillir, sécuriser et accompagner, tout en gardant une clarté dans la place qu’il occupe.
Cela se traduit par des gestes simples mais essentiels : répondre à une demande de câlin ou de bisous si elle vient de l’enfant, mais ne pas la provoquer soi-même. Rester présent, disponible et attentif, mais sans envahir. C’est cette distance ajustée qui permet à l’enfant de construire une confiance saine et durable.
La présence calme, cette posture professionnelle dont l’enfant a besoin
Un adulte phare, ce n’est pas celui qui fait le plus de choses, mais celui qui sait rester ancré. S’asseoir à hauteur d’enfant, ralentir le rythme, poser un regard attentif, c’est créer une zone de stabilité dans une journée souvent riche en mouvements.
Cette posture calme aide l’enfant à se concentrer, à explorer, à apprendre sans être surstimulé. C’est un repère silencieux mais puissant. Dans ce rôle, la posture professionnelle n’a rien de passif : elle exige au contraire une présence fine, incarnée, qui s’inscrit dans la continuité des principes travaillés dans les formations sur l’attachement et le rôle d’adulte phare.
Les émotions : celles des enfants… et les nôtres aussi
Un enfant qui crie, pleure ou se roule par terre n’est pas en train de “tester les limites” : il exprime une émotion intense qu’il ne sait pas encore réguler seul. Le rôle de l’adulte est d’accueillir cette émotion, de la contenir sans jugement et de la reformuler après la tempête pour enrichir son vocabulaire émotionnel (formation “Comprendre les émotions”).
Mais accueillir l’émotion de l’autre, c’est aussi être lucide sur la sienne. La fatigue, la charge mentale, le stress… tout cela se ressent. C’est pourquoi le positionnement professionnel s’appuie aussi sur la capacité à nommer ses limites et à s’appuyer sur l’équipe, les temps d’échanges et les outils collectifs (formations “Gérer son stress et prévenir l’épuisement” et “Communication et transmission en structure d’accueil”).
Observer pour comprendre, transmettre et anticiper
L’observation n’est pas une simple “attente” : c’est une compétence active et fine. Elle permet de repérer les signaux faibles, de comprendre les besoins réels et de poser des actions justes au bon moment.
Mais elle va bien plus loin : une observation partagée et structurée enrichit considérablement les transmissions aux parents. Elle donne des repères concrets, soutient la coéducation et renforce la relation de confiance entre les familles et l’équipe.
L’observation est aussi la base du choix des jeux et de l’aménagement des espaces. On ne propose pas une activité au hasard parce qu’elle “plaît” : on la choisit parce qu’elle répond à des besoins de développement repérés, parce qu’elle prépare un apprentissage, parce qu’elle soutient l’exploration. Cette posture fait du professionnel un acteur réflexif, capable d’anticiper les besoins plutôt que de les subir.
Quand l’espace devient un vrai partenaire éducatif
L’espace parle. Il peut apaiser ou exciter, favoriser les découvertes ou créer des tensions. Un espace pensé et ajusté en fonction des observations des enfants devient un outil pédagogique à part entière.
C’est lui qui soutient l’autonomie, qui structure les temps de la journée, qui réduit les conflits inutiles. Les formations sur le jeu libre et l’aménagement permettent aux équipes de penser cet espace comme un allié éducatif, pas comme un décor de fond.
Et c’est bien là que la posture professionnelle prend toute son ampleur : elle ne se limite pas à “faire des activités” mais à construire un cadre vivant qui soutient les apprentissages des enfants.
Être un repère, pas un refuge : cela paraît simple, mais c’est un véritable travail de posture, de réflexion et de cohérence d’équipe. Aujourd’hui, les dérives s’installent parfois insidieusement : surcharge, rythme effréné, confusion des rôles affectifs…
Mais cette prise de conscience grandit aussi dans de nombreuses directions, qui demandent désormais des pratiques plus articulées à la théorie. Car c’est dans cette articulation — entre savoirs et terrain, entre gestes et réflexion — que se joue l’accompagnement de qualité, celui qui fait grandir l’enfant… et la professionnelle.
Bénédicte TRICOT
Cet article s’appuie sur les formations Cogivia : “Les nouvelles connaissances sur le développement global de l’enfant”, “Comprendre les émotions”, “La référence en crèche selon Emmi Pikler”, “Gérer son stress et prévenir l’épuisement”, “Communication et transmission en structure d’accueil”, et “Favoriser le jeu libre et aménager ses espaces”.









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