Proposer des activités, comment je fais?
- Bénédicte Tricot
- 1 oct.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Proposer une activité n’est pas qu’une question d’idée : c’est surtout une question d’organisation, de repères et de rituels clairs. En anticipant l’avant, le pendant et l’après, on réduit les consignes, on favorise l’autonomie et on soutient le plaisir d’agir. Les gestes structurent l’activité, l’espace parle pour nous, et les enfants s’impliquent pleinement… en rendant l’encadrement plus léger et naturel.
Proposer une activité, ce n’est pas si simple!
Je vois de nombreux sites donnant des idées d’activités. C’est effectivement indispensable pour les parents et inspirants pour les professionnels. Je vais d’ailleurs contribuer à cet élan en vous en donnant de nouvelles (que, j’espère, vous n’aurez pas lues, lues et relues).
Par dessus tout, j’ai décidé d’écrire cet article pour vous guider sur le « comment proposer » ces activités ou celles que vous avez pu lire sur d’autres sites. Parce que, les proposer , c'est bien...mais qu'ils y participent avec plaisir c'est encore mieux!
Abordez les activités comme un enfant.
Imaginez : vous avez envie de sauter partout et on vous propose de faire un puzzle ou de la peinture… Cela doit être alors extrêmement tentant de jeter les pièces partout ou de badigeonner l’entourage avec de jolies couleurs.
Cependant, (et nous les remercions de cela) la plupart des enfants joue calmement …et se lasse au bout de 10 minutes. Vous allez alors chercher un nouveau jeu, qui aura le même résultat !
Il y a de quoi perdre patience rapidement , surtout que nous sommes nous même en difficulté par rapport à nos propres envies, en ne pouvant pas toujours proposer ce que nous nous voudrions vraiment par manque de temps, d'espace, de moyens etc... Face à ce tableau qui doit vous sembler familier, je vous propose donc quelques solutions.
Comment respecter le rythme et les besoins d’un enfant ?
Certaines activités de défoulement , libératrice du besoin de motricité ou de baisse d'énergie peuvent se pratiquer à l’intérieur sous des formes adaptées et originales.
Le besoin d’imitation de l’enfant est particulièrement fort ...profitons en et abusons en pour le choix des activités .
Un dernier point , et certainement le plus important : l' enfant a un besoin vital de repères spatio-temporels. Les rituels, la communication et les petits espaces visuels seront vos meilleurs alliés!
Et si on le mettait en pratique? Quelques exemples concrets
Exemple 1 : Le lancer de ballon (activité motrice)
Objectif : libérer le besoin de mouvement tout en développant la coordination, la concentration et la maîtrise du geste.
Avant l’activité :Installez une zone de jeu clairement délimitée : un tapis, une bande adhésive au sol ou des cerceaux matérialisent l’espace de lancer. Un ballon par enfant est suffisant, à condition de prévoir un espace assez grand pour que chacun puisse bouger sans gêner les autres. Si le groupe est nombreux, créez deux zones identiques pour permettre aux enfants de se répartir spontanément en sous-groupes.Pour les plus grands, ajoutez un fil scotché au mur à différentes hauteurs : ils peuvent tenter de lancer au-dessus du fil, ce qui stimule la motricité fine et la précision. Le matériel est prêt avant l’arrivée des enfants afin que l’espace soit immédiatement lisible et engageant.
Rituel d’entrée (par le geste, sans paroles) :
Le professionnel distribue un ballon à chaque enfant.
Si les ballons sont identiques, chacun peut le choisir librement.
Si les ballons sont de couleur différente, pour éviter les conflits, l’adulte propose de choisir entre deux couleurs ou remet directement un ballon à chaque enfant, avec assurance et conviction (le ton et l’attitude comptent plus que les mots).Ce geste de distribution devient le signal de démarrage : dès que tous ont leur ballon, le jeu commence.
➜ Une seule consigne : « Tu lances le ballon dans la zone. »Tout le reste — sécurité, calme et autonomie — est soutenu par l’organisation spatiale.
Pendant l’activité :Le professionnel reste en observation, encourageant le mouvement sans intervenir sur la manière de jouer. Pour prévenir la fin de l’activité, il effectue un geste clair (par exemple lever trois doigts) pour indiquer qu’il reste trois lancers. Cette anticipation aide l’enfant à se préparer à la transition et à canaliser son énergie.
Rituel de clôture (toujours par le geste) :Les enfants ramènent leur ballon dans le panier commun — ce geste marque la fin du jeu et favorise le retour au calme. Un temps court de récupération (étirements, respiration, observation du groupe) peut suivre pour refermer l’activité en douceur.
Exemple 2 : La peinture libre… vraiment libre (et bien organisée !)
Objectif : encourager la créativité tout en soutenant l’autonomie, la confiance et la sérénité du groupe.
Avant l’activité :Recouvrez entièrement la table d’une grande nappe plastifiée pour éviter les consignes du type « reste sur ton set ».
Proposez trois couleurs non primaires (par exemple vert, orange et violet) pour éviter les mélanges systématiquement marron et limiter les tentations de “corriger” l’enfant.
Préparez de grandes feuilles, adaptées à l’âge et à l’amplitude gestuelle de chacun : un coup de pinceau chez le voisin ne signifie pas qu’il veut peindre sur la feuille du copain, mais qu’il veut peut être explorer un plus large espace et étendre son mouvement.
Rituel d’installation (toujours dans le même ordre) :
Remonter les manches (selon l’équipement choisi)
Mettre le tablier pour se protéger
S’asseoir et écouter les consignes avant de recevoir le pinceau
➜ Une seule consigne : « La peinture reste sur la feuille. »Tout le reste est géré par l’organisation et le rituel.
Déroulement :Chacun vient chercher un pinceau dans la boîte au centre de la table et commence à peindre librement.Le matériel est accessible, limitant les déplacements et favorisant l’autonomie.
Rituel de clôture :Quand un enfant a terminé, il suspend son œuvre sur le fil à dessins.Le matériel est rangé collectivement : un enfant apporte les pinceaux à l’évier, d’autres essuient la table pour enlever le plus gros de la peinture.
Un espace tranquille avec des jeux de manipulation peut être prévu pour ceux qui terminent plus tôt, leur permettant d’attendre sans agitation ni frustration, tout en échelonnant le lavage des mains.
Des activités fluides où chaque étape — avant, pendant et après — est pensée pour anticiper les besoins des enfants, soutenir leur autonomie et s’appuyer sur leur formidable envie d’imiter l’adulte. Moins de consignes, plus d’organisation… et du coup, beaucoup plus de plaisir pour eux comme pour nous !!
Pour approfondir ces notions d’organisation, de rituels et de posture dans la mise en place d’activités en crèche, plusieurs formations issues du catalogue Cogivia peuvent soutenir les pratiques quotidiennes : « La référence en crèche selon Emmi Pikler » — pour affiner le positionnement professionnel et soutenir l’autonomie dans les temps d’activités. Et « Les essentiels : l’accompagnement de l’enfant en collectivité » — pour organiser des temps collectifs fluides, sécurisants et adaptés à chaque âge.
Ces formations offrent des outils concrets pour transformer une simple “activité” en un véritable temps d’apprentissage partagé, serein et efficace.
Auteur : Bénédicte Tricot









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