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Un langage corporel cohérent sécurise l’enfant

  • Photo du rédacteur: Bénédicte Tricot
    Bénédicte Tricot
  • 20 mai 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 28 sept.

discussion sérieuse avec enfant

L’enfant apprend par observation et expérimentation, en reliant les mots au langage corporel. La cohérence entre paroles et gestes est essentielle pour sa sécurité affective et la compréhension des limites. Dire « non » en souriant brouille le message, tandis qu’un « attention ! » clair et bienveillant favorise l’apprentissage. L’ironie est inadaptée avant l’âge scolaire. Même avec le port du masque, le corps entier reste un vecteur d’émotions lisibles.


L’enfant apprend en observant et en expérimentant

La méthode d’apprentissage du langage, des limites et de la manipulation des objets, est toujours la même. Le langage corporel de l’adulte étant un indicateur particulièrement important dans sa mise en oeuvre….


Avec les objets,


Avec les objets, l’enfant vérifie qu’une action sur un objet amène une même réaction de l’objet : Il assimile la permanence de l’objet (le fait que l’objet qu’il ne voit plus existe encore) progressivement en lançant par exemple 1000 fois de sa chaise haute le doudou, qui réapparaît à chaque fois (grâce à la patience illimitée de sa Maman).


Les limites


De même plus tard, il teste les limites. Il avance (avec un grand sourire car l’expérience est tout de même très intéressante!) 1000 fois les doigts vers la prise de courant, histoire de vérifier que la réaction de l’adulte est toujours la même. Plus les réactions varient dans le temps, plus il s’acharne à tester…


La construction du langage

La construction du langage n’est pas différente : il observe et apprend, tout au long de ses premiers mois de vie.

Avant même de savoir parler, il acquiert un vocabulaire riche. Notamment celui des émotions si difficile à appréhender ! Pour cela, le langage corporel lui est particulièrement utile.

En s’appuyant sur le langage corporel, il comprend le sens des mots si abstraits décrivant les émotions, tels que la « colère », la « joie », la « tristesse », la « peur » ou la « surprise ». Il remarquera alors que :

  1. La joie correspond à un sourire, un timbre de voix particulier et à une certaine expression du visage (expression qu’il imitera dans la foulée dès son premier sourire).

  2. Le froncement de sourcil et la grosse voix sont à l’inverse un signe de danger,

  3. Les larmes correspondent à la tristesse . D’ailleurs, pleurer de rire ou de joie est un concept bien difficile à comprendre pour un enfant! L’adulte est obligé de le rassurer et de lui expliquer que « pleurer de rire » existe aussi …

L’enfant étant une véritable éponge à émotion, lui donner ces mots lui permettra de les utiliser quand il saura parler et mieux vivre ses émotions par la suite. (Faut-il-parler-de-tout-a-son-enfant)


Un langage corporel cohérent rassure l’enfant.

Le visage est le reflet de notre humeur


Le langage corporel en dit beaucoup sur l’humeur des personnes environnantes

Pour savoir à qui se fier, l’enfant y est très attentif dès sa naissance . C’est ce qui lui permet de survivre : les pleurs face à l’agressivité ou au danger appelle l’adulte protecteur. Il remarque très vite que :

  1. Un visage souriant soutient un message positif. Il se sent en sécurité.

  2. Un visage fermé soutient un message de danger. Il est en insécurité ..et pleure .

Le langage corporel participer à la construction de la sécurité intérieure de l’enfant. Il est donc indispensable d’être cohérent et donc d’avoir un langage corporel en adéquation avec les mots prononcés.


Quand notre inconscient brouille le message


Le rôle des adultes est (entre autre) de protéger l’enfant. Ils doivent alors faire passer un messages pour le prévenir du danger. Cependant, de nombreux parents n’aiment pas poser de limites et leur langage corporel le montre.

Leur langage du corps et l’expression de leur visage est en désaccord avec leur discours, le message est alors brouillé . La mise en place de la limite en est que plus difficile, puisque l’enfant testera jusqu’à ce que ce message soit clair.

Plus concrètement:

Quel message peut transmettre des alertes comme: Un « attention ….c’est dangereux, mon loulou » ou « non mon chéri, c’est interdit.. » dit d’une voix douce et mélodieuse avec un grand sourire aura-t-il un impact suffisant pour que l’enfant retienne le message ?

Comment l’enfant peut il se sentir en danger quand l’adulte sensé le protéger sourit? Ne serions nous même pas tenté d’essayer à nouveau pour évaluer seuls ce danger?


Conviction et douceur, les deux clés de l’interdit.

Mais alors comment apprendre à l’enfant ce qui est dangereux?

Le mot « non » est souvent dit avec les sourcils froncés et une grosse voix . Il est assimilé à de la colère. Cette colère fait peur à l’enfant ou l’intrigue, selon son caractère.

Mais quelque soit l’enfant, il vit dans le présent immédiat et son cerveau ne peut faire qu’une chose à la fois. Son attention et son émotion se retrouve d’un coup entièrement tournée vers l’adulte.

La cause de la limite n’est pas sa priorité, le danger immédiat est ailleurs : c’est l’adulte. Il ne sera pas disponible pour comprendre ce qui lui sera expliqué par la suite.

Le mot « attention ! » est beaucoup plus constructif . D’abord parce qu’il est dit avec une expression du visage ouverte : sourcil levé, et une tonalité dynamique mais pas agressive. Arrêté dans son geste, l’enfant regardera de plus près ce dont on lui parle. Le dialogue pourra s’instaurer pour discuter du danger auquel il a échappé ! …


Non à l’ironie dans la petite enfance


Au risque de déstabiliser les fans de l’humour noir ou ironique, cette sorte d’humour n’a absolument pas sa place dans la petite enfance ! Comprendre que l’on peut parfois dire l’inverse de ce que l’on pense est parfaitement incompréhensible avant la fin de l’école primaire (voir plus pour certains enfants) ! (Futura-sciences.com/comprendre-ironie-enfants)


Être cohérent dans nos paroles et nos gestes n’est jamais évident au quotidien, surtout face aux émotions de l’enfant. Peut-être que la première étape consiste à mieux reconnaître nos propres réactions pour les ajuster. La réflexion reste ouverte : comment chaque adulte peut-il trouver sa façon de rester un repère clair et rassurant pour l’enfant ?




Auteur : Bénédicte Tricot

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