top of page
Photo du rédacteurBénédicte Tricot

Le livre est vecteur d’apprentissages multiples

Dernière mise à jour : 29 mai

lecture d'un livre sur les genoux

Le super pouvoir des conteuses

Pourquoi mon enfant déchire-t-il tout le temps les livres à la maison alors qu’il reste sagement assis avec une conteuse ? Quels supers pouvoirs a-t-elle ?

Rassurez-vous, rien de surnaturel, c’est surtout une question d’anticipation, d’organisation et de soutien de l’autonomie.

Avec une conteuse, un contexte particulier est mis en place autour du livre : le nombre d’enfants est limité et la durée de l’activité est définie. L’enfant comprend, dès qu’il rentre dans la pièce, que la conteuse est là.

Celle-ci crée un rituel lors des séances: un mot ou un geste marque le début et la fin de la séance. les règles de comportement sont clairement énoncées et les livres sont variés et sélectionnés pour une tranche d’âge spécifique. Bref, L’attention de la conteuse est entièrement consacrée aux enfants avant et pendant la séance.


Le livre, vecteur d’apprentissages multiples


Des livres à « mâchouiller »??

Il est essentiel que l’enfant participe avec tout son corps à la lecture. le mouvement accompagnant tous ses autres apprentissages. Gardons en tête que l’enfant apprend par le mouvement. Il est incapable de rester assis longtemps (jusqu’à la grande section au moins) et il ne fait pas exception avec le livre.

Je ne résiste pas à inclure cette citation (indémodable) sur le livre pour enfant :

« Son ambition est d’être lu par des enfants âgés de zéro à cinq ans. D’être lu ? Non pas ! Disons plutôt d’être manipulé, gazouillé, mis à l’oreille du chien, guidé, chiffonné, embrassé par les chéris sans lettres, sans grammaire, mais avec des fossettes, qui remplissent votre chambre d’enfants d’un joyeux vacarme, et le cœur de votre cœur d’une incessante allégresse. » Levis Caroll, (Alice au pays de Merveilles, 1870)

Autant « gazouiller un livre » ne dérange en rien, autant le « mâchouiller » devient problématique, tant en termes d’hygiène que de durée de vie du livre.

Pourquoi laisser les livres à disposition alors qu’ils les abîment à chaque fois ?

Les enjeux que le livre représente au niveau du langage, de l’imaginaire et du symbolisme sont déjà très reconnus. Avec les manipulations, s’ajoute l’accompagnement de la confiance en soi et de d’autonomie. Ainsi, le livre prépare le jeune enfant physiquement et intellectuellement à ses futurs apprentissages scolaires. Cela vaut le coup d’y mettre de l’énergie, non ?


Comment faire pour ne pas se ruiner…ou s’énerver ?


Exemplarité et communication

Soutenir la bonne utilisation du livre n’est donc pas simple. Elle demande une certaine énergie de la part de l’adulte. La lecture est aussi une activité spécifique qui demande un apprentissage et une vigilance extrême.

L’enfant imite les adultes qui l’environne dans ses moindres gestes. Mais comment peut-il savoir ce qui se passe dans nos têtes quand on lit sans parler ? Mettre de mots sur ce que l’on fait devient essentiel dans sa compréhension de ce qu’est la lecture.

Tout aussi essentiel est le fait de mettre des mots sur qui ne se fait pas avec le livre. Pour lui, le livres est un jouet. Il va donc le manipuler et l’expérimenter comme tel . Le goûter, le jeter, le déchirer, le froisser, le colorier, etc….seront ses modes d’apprentissage instinctifs du livre .


Des limites claires

La vie sociale est faite de limites claires et de comportements appropriés. La lecture aussi. Et comme tout interdit, il faut être constant pour être entendue…au bout d’un (petit) millier de fois.

Cela ne signifie pas qu’il faut le punir, mais de faire en sorte que l’enfant comprenne ce qu’il peut faire ou pas. Le meilleur moyen étant de lui demander de participer à la réparation du livre (avec vous !) s’il le casse.

Même la pédagogie de Maria_Montessori est totalement régie par des règles! Ranger au même endroit, ne pas prendre un nouvel objet avant de ranger le suivant à sa place exacte, chuchoter pour respecter le jeu des autres enfants, etc…

« L’enfant veut tout ce qu’il fait, mais ne fait pas tout ce qu’il veut » Maria Montessori

Alors ? Comment allier nos besoins mutuels (explorer pour lui, protéger le livre pour nous) ? Quelle « règles « vont régir cette utilisation libre du livre?

Investir dans le scotch !

Il faut être prêt psychologiquement car, comme dans tout apprentissage, il y aura de la casse et donc des remplacements ou réparations fréquentes à faire !

L’enfant apprendra de ses erreurs. L’objectif est alors de raccourcir cette phase de casse et de le guider au mieux.Alors…investissez dans le scotch ! (Vous pouvez aussi, comme dans certaines médiathèques, renforcer à l’avance les endroits fragiles…)

Pour limiter la casse en début d’apprentissage, vous pouvez créer un espace de lecture mobile qui pourrait être mis à disposition durant certaines heures de la journée quand vous êtes plus disponible. Cet espace doit être bien sûr rapide à installer et facile à déplacer.

Et rassurez-vous. S’il est Certes « chiffonné, embrassé » dans un premier temps, le livre est manipulé avec de plus en plus de précautions au fil des semaines.


De nouveaux livres, belle surprise!

L’attention de l’enfant est d’autant plus soutenue qu’il découvre de nouvelles choses. Du coup le simple fait de changer les livres mis à disposition lui permet de rester concentré sur la lecture !

Pas besoin d’en acheter de nouveaux à chaque fois, une astuce consiste à faire des lots. Tous les 15 jours (plus ou moins selon les enfants), vous lavez, réparez et rangez le lot qu’il connait par cœur et vous ressortez un lot qu’il n’a pas lu depuis longtemps. L’effet de surprise sera toujours là, et il aura plaisir à retrouver de vieux amis. …Pour ma part, la réaction des enfants ne m’a jamais déçue!

Le livre est donc un élément incontournable pour soutenir le développement de l’enfant. Par ailleurs, Comment préparer l’enfant à son futur rôle d’élève si ce n’est pas en l’amenant à aimer le livre ?





Auteur : Bénédicte Tricot

Si vous avez aimé cet article alors vous aimerez :

  1. Articles Cogivia en lien : Le livre comme objet de socialisation et de communication

  2. Auteur de livres pour enfant, feuilletez mes œuvres dans la boutique

Et bien sûr n’hésitez pas à transférer cet article autour de vous. Merci!

Comments


Commenting has been turned off.
bottom of page