Douces violences : faire simple quand tout paraît compliqué
- Bénédicte Tricot
- il y a 5 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 4 jours

Le sujet des douces violences suscite souvent un sentiment de flou et de découragement. À force d’être abordé comme une accumulation de contraintes, il en perd parfois sa signification première. Revenir au regard permet de clarifier ce qui compte vraiment : la relation à l’enfant et la présence professionnelle. Il ne s’agit pas de viser la perfection, mais de retrouver une posture plus ancrée, plus lisible et plus confiante. Un regard posé au bon moment a souvent plus d’impact que toutes les injonctions réunies.
Le regard donne une place
Regarder un enfant, ce n’est pas une technique éducative, c’est une manière concrète de le reconnaître comme une personne présente. Lorsque ce regard est posé, l’enfant sait qu’il compte et qu’il fait partie de la relation. Lorsqu’il est absent, même quelques secondes, le message change. Il devient secondaire, périphérique à ce qui se joue.
Ce type d’absence n’a rien d’exceptionnel dans les journées en crèche : on fait vite, on répond à plusieurs sollicitations en même temps, on anticipe la suite. Mais lorsque cela se répète, cela finit par fragiliser le lien. Le regard n’est pas un détail, c’est un repère relationnel stable dans un environnement où tout peut aller très vite.
Le regard nous ancre aussi
Ce regard n’est pas seulement tourné vers l’enfant. Il a un effet direct sur la professionnelle. Regarder, c’est revenir dans l’instant, être présente à ce que l’on fait, retrouver une cohérence dans son action. Cela diminue la pression de devoir faire « parfaitement » et redonne une forme de clarté intérieure.
Si cette question résonne autant, c’est aussi parce que nous savons ce que cela fait de ne pas être regardé. Nous vivons aussi, dans notre quotidien professionnel, des échanges où notre parole ne compte pas vraiment, des décisions prises sans concertation, des moments où notre présence passe au second plan. Cette expérience nourrit une forme d’empathie directe avec ce que vivent les enfants dans les interactions quotidiennes.
Éviter les listes de douces violences et revenir à l’essentiel
Réduire les douces violences à une succession de gestes interdits ne mène à rien de constructif. Cela crée de la confusion, renforce le sentiment de méfiance et donne l’impression que tout ce que l’on fait est suspect. Le cœur du sujet est ailleurs. Il réside dans la manière d’être présente à l’autre.
Le regard permet de sortir de cette logique d’interdiction pour revenir à une relation simple et lisible, où l’enfant est une personne à part entière, pas un élément à gérer. Cela change profondément la façon de vivre les gestes du quotidien, sans alourdir la pratique professionnelle.
Le regard comme point d’appui professionnel
Le regard est un véritable appui professionnel. Il donne du sens aux gestes, structure la relation et consolide la posture éducative. Il permet aux professionnelles de se sentir plus légitimes et moins en insécurité dans leurs interactions. Ce n’est pas une injonction de plus, c’est une ressource simple, toujours disponible, qui réintroduit de la clarté dans un sujet souvent embrouillé.
Parler des douces violences ne devrait pas créer de la méfiance permanente. Au contraire, cela peut renforcer la confiance et redonner une place centrale à ce qui relie adultes et enfants au quotidien : une présence partagée, attentive, et respectueuse.
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