L’enfant apprend en observant et en expérimentant
La méthode d’apprentissage du langage, des limites et de la manipulation des objets, est toujours la même. Le langage corporel de l’adulte étant un indicateur particulièrement important dans sa mise en oeuvre….
Avec les objets,
Avec les objets, l’enfant vérifie qu’une action sur un objet amène une même réaction de l’objet : Il assimile la permanence de l’objet (le fait que l’objet qu’il ne voit plus existe encore) progressivement en lançant par exemple 1000 fois de sa chaise haute le doudou, qui réapparaît à chaque fois (grâce à la patience illimitée de sa Maman).
Les limites
De même plus tard, il teste les limites. Il avance (avec un grand sourire car l’expérience est tout de même très intéressante!) 1000 fois les doigts vers la prise de courant, histoire de vérifier que la réaction de l’adulte est toujours la même. Plus les réactions varient dans le temps, plus il s’acharne à tester…
La construction du langage
La construction du langage n’est pas différente : il observe et apprend, tout au long de ses premiers mois de vie.
Avant même de savoir parler, il acquiert un vocabulaire riche. Notamment celui des émotions si difficile à appréhender ! Pour cela, le langage corporel lui est particulièrement utile.
En s’appuyant sur le langage corporel, il comprend le sens des mots si abstraits décrivant les émotions, tels que la « colère », la « joie », la « tristesse », la « peur » ou la « surprise ». Il remarquera alors que :
La joie correspond à un sourire, un timbre de voix particulier et à une certaine expression du visage (expression qu’il imitera dans la foulée dès son premier sourire).
Le froncement de sourcil et la grosse voix sont à l’inverse un signe de danger,
Les larmes correspondent à la tristesse . D’ailleurs, pleurer de rire ou de joie est un concept bien difficile à comprendre pour un enfant! L’adulte est obligé de le rassurer et de lui expliquer que « pleurer de rire » existe aussi …
L’enfant étant une véritable éponge à émotion, lui donner ces mots lui permettra de les utiliser quand il saura parler et mieux vivre ses émotions par la suite. (Faut-il-parler-de-tout-a-son-enfant)
Un langage corporel cohérent rassure l’enfant.
Le visage est le reflet de notre humeur
Le langage corporel en dit beaucoup sur l’humeur des personnes environnantes
Pour savoir à qui se fier, l’enfant y est très attentif dès sa naissance . C’est ce qui lui permet de survivre : les pleurs face à l’agressivité ou au danger appelle l’adulte protecteur. Il remarque très vite que :
Un visage souriant soutient un message positif. Il se sent en sécurité.
Un visage fermé soutient un message de danger. Il est en insécurité ..et pleure .
Le langage corporel participer à la construction de la sécurité intérieure de l’enfant. Il est donc indispensable d’être cohérent et donc d’avoir un langage corporel en adéquation avec les mots prononcés.
Quand notre inconscient brouille le message
Le rôle des adultes est (entre autre) de protéger l’enfant. Ils doivent alors faire passer un messages pour le prévenir du danger. Cependant, de nombreux parents n’aiment pas poser de limites et leur langage corporel le montre.
Leur langage du corps et l’expression de leur visage est en désaccord avec leur discours, le message est alors brouillé . La mise en place de la limite en est que plus difficile, puisque l’enfant testera jusqu’à ce que ce message soit clair.
Plus concrètement:
Quel message peut transmettre des alertes comme: Un « attention ….c’est dangereux, mon loulou » ou « non mon chéri, c’est interdit.. » dit d’une voix douce et mélodieuse avec un grand sourire aura-t-il un impact suffisant pour que l’enfant retienne le message ?
Comment l’enfant peut il se sentir en danger quand l’adulte sensé le protéger sourit? Ne serions nous même pas tenté d’essayer à nouveau pour évaluer seuls ce danger?
Conviction et douceur, les deux clés de l’interdit.
Mais alors comment apprendre à l’enfant ce qui est dangereux?
Le mot « non » est souvent dit avec les sourcils froncés et une grosse voix . Il est assimilé à de la colère. Cette colère fait peur à l’enfant ou l’intrigue, selon son caractère.
Mais quelque soit l’enfant, il vit dans le présent immédiat et son cerveau ne peut faire qu’une chose à la fois. Son attention et son émotion se retrouve d’un coup entièrement tournée vers l’adulte.
La cause de la limite n’est pas sa priorité, le danger immédiat est ailleurs : c’est l’adulte. Il ne sera pas disponible pour comprendre ce qui lui sera expliqué par la suite.
Le mot « attention ! » est beaucoup plus constructif . D’abord parce qu’il est dit avec une expression du visage ouverte : sourcil levé, et une tonalité dynamique mais pas agressive. Arrêté dans son geste, l’enfant regardera de plus près ce dont on lui parle. Le dialogue pourra s’instaurer pour discuter du danger auquel il a échappé ! …
Non à l’ironie dans la petite enfance
Au risque de déstabiliser les fans de l’humour noir ou ironique, cette sorte d’humour n’a absolument pas sa place dans la petite enfance ! Comprendre que l’on peut parfois dire l’inverse de ce que l’on pense est parfaitement incompréhensible avant la fin de l’école primaire (voir plus pour certains enfants) ! (Futura-sciences.com/comprendre-ironie-enfants)
Interrogations sur le masque pendant le covid.
Alors après tout ça, que peut -on dire des masques contre le coronavirus dans les crèches?
Déjà, la première question que peuvent se poser tous les adultes, c’est que faire pour rassurer l’enfant qui est désormais entouré d’adultes masqués ? Voici un article qui donne quelques pistes: Comment-faire-pour-mettre-un-masque-devant-un-enfant
Passée la première frayeurs, l’enfant s’habituera à vivre au quotidien avec des personnes masquées…Heureusement, les expressions passent par tout le corps et pas seulement par le bas du visage !
La posture, les yeux, les sourcils, les gestes et la voix donnent de nombreuses indications sur l’humeur et les émotions d’une personne .
Cependant, je reste plus réservée sur l’idée de décorer le masque avec des émotions humaines comme des sourires. Que comprendra l’enfant lorsque l’adulte devra hausser le ton ? ou se fâcher? Le message ne sera-t-il pas contradictoire?
Des petits poissons , des cœurs ou des personnages ne seraient-il pas plus adaptés ?
Auteur : Bénédicte Tricot
A lire aussi : la-resilience-et-lenfant/ et faut-il-parler-de-tout-a-son-enfant/
Comments